Un partenariat public-privée

Un partenariat public-privée

C’est lors du Sustainable Leather Forum 2020, qui s’est tenu à Paris à la mi-septembre, que Lim Group a eu la chance de porter sa voix aux côtés de géants de la mode tel que Kering, LVMH ou encore Hermès afin d’évoquer l’avenir et de défendre les enjeux de la filière cuir. Laurent Duray a pu, à cette occasion, parler des enjeux RSE, des savoir-faire, des territoires et de l’attractivité de ce secteur. Par la même occasion, il a pu présenter le projet FECNA (Filière Excellence Cuir Nouvelle-Aquitaine) issu du cluster ResoCUIR qu’il préside : un projet ambitieux et vertueux réunissant structures territoriales et privées, organisations d’éleveurs, abatteurs, tanneurs et manufacturiers néo aquitains pour développer des cuirs de premier choix. L’approvisionnement en peaux de très haute qualité est la problématique à laquelle se voient confrontées de nombreuses entreprises de la filière cuir pour faire face à une demande toujours grandissante. Ainsi, depuis huit ans, deux projets expérimentaux ont vu le jour en Corrèze et en Dordogne.

On vous explique.

Le premier projet répond à l’appellation de Pôle d’Excellence Rurale de la filière cuir (PER CUIR), labellisé par l’État en 2012 sur le territoire du Périgord Vert du département de la Dordogne. Son principal objectif est alors d’augmenter la qualité des cuirs, tout en veillant à la bientraitance animale et en rémunérant l’éleveur quelle que soit la qualité des peaux. Le second projet, sous le nom de code GDS 19-HAAS, est issu de la Tannerie Haas, tannerie française qui s’est posé la question de l’amélioration de la qualité des peaux de veau sous la mère. Cette tannerie s’est rapprochée du Groupement Corrézien de Défense Sanitaire (GDS 19) en 2016, pour leur proposer la mise en place d’un partenariat sur l’amélioration de la qualité des peaux. La Corrèze a été choisie comme zone test pour ce projet du fait de son importante concentration d’éleveurs de veau sous la mère. Vingt-quatre éleveurs pionniers sont retenus pour participer au projet PER CUIR sur une période de quatre ans et deux cents pour le projet GDS 19-Haas sur trois ans. En ce qui concerne le projet PER CUIR, un cahier des charges exigeant est strictement établi : l’expérience leur demande de limiter les sources de défauts en remplaçant les barbelés par des fils lisses, en supprimant tout support entaillant, en traitant les parasites externes (poux), et les maladies de peau (teignes). Cette même vigilance est attendue au moment du transport des veaux. Pour le projet GDS 19-Haas, c’est en particulier le déparasitage puis la vaccination contre la teigne qui fait l’objet de l’expérimentation.

En quelques chiffres, voici les résultats des deux projets : pour le PER CUIR, une augmentation de 30% de peaux de premier choix sellerie, pour le GDS 19-Haas, un succès du protocole teigne (absence de teignes dans 99% des peaux engagées contre 85% en 2017) et une forte diminution du nombre de piqûres (absence sur 55% des peaux contre 6% au début du projet). Fort de ces résultats prometteurs et convaincu du bien-fondé pour l’ensemble de la chaîne de la valeur, ResoCUIR lance une étude d’ingénierie sur les perspectives de développement de ces deux projets innovants. Financé par des organismes privés et publics, le cluster reçoit en 2019 le soutien de la Région Nouvelle- Aquitaine et collabore avec le Comité Interprofessionnel de Veau sous la Mère (CIVO) pour continuer de soutenir ses ambitions. À travers ce projet, la filière cuir, qui représente plus de quatre mille emplois dans la région, continue de se développer tout en renforçant ses convictions. C’est ainsi que l’initiative nommée Filière Excellence Cuir Nouvelle-Aquitaine (FECNA) voit le jour en 2020, avec pour volonté d’asseoir les bases techniques et économiques d’une filière d’excellence viande, cuir et territoire. Elle doit permettre d’accompagner et d’appuyer techniquement les éleveurs, de valoriser les produits régionaux de la filière viande tout en recyclant un maximum de matière première pour limiter les pertes mais aussi de maintenir et dynamiser l’emploi.

Pour cela, la FECNA repose sur 4 piliers :

  • Un partenariat unique regroupant les acteurs des filières élevage et cuir.
  • La mise en place de la traçabilité individuelle des peaux avec la création d’un système d’information pour disposer d’un retour qualité jusqu’à l’éleveur.
  • La réalisation de protocoles techniques et sanitaires dans les élevages.
  • Des formations dispensées aux techniciens des organismes de production et des abattoirs. Pour financer un tel projet, un partenariat unique en son genre a été tissé entre structures publiques et privées, associant éleveurs, organisations de producteurs, abatteurs mais aussi tanneurs et manufacturiers. Avec dix millions d’euros de financement en quatre ans, comprenant les investissements en élevage (dont 3,4 millions de la Région Nouvelle-Aquitaine), le projet FECNA espère convaincre la moitié des 1 520 éleveurs de veau sous la mère de s’engager aux mêmes efforts. Le but à long terme est d’assurer une meilleure répartition des revenus du cuir à l’ensemble des acteurs.

‘‘L’objectif est que les éleveurs ne considèrent plus la peau comme un ‘déchet’, mais au contraire comme une matière première qui peut aussi leur bénéficier, avance Laurent Duray sur France3 Nouvelle-Aquitaine le 15 octobre. Travaillons à la qualité et toutes les peaux qui ne seront pas mises à la poubelle seront rapportées en valeur ajoutée aux éleveurs. ’’